La neurobiologie des traumas est un sujet vaste et complexe, qui s’intéresse à l’impact du stress et des expériences traumatisantes sur le cerveau. Le Dr Jim Hopper, un expert dans le domaine, propose des méthodes pour mieux comprendre ces mécanismes, en particulier dans le cadre des agressions sexuelles.
Ses recherches ont aidé des thérapeutes, des officiers de police, des procureurs, des juges, des commandants militaires de haut rang, à mieux comprendre les victimes d’abus et d’agressions sexuelles sur les enfants et à mieux y répondre.
Dans une précédent article, je vous expliquais comment se manifestait un trauma, comment il pouvait être reconnu, comment le traiter. Nous allons un peu plus loin dans la compréhension ici en étudiant le fonctionnement des réactions automatiques.
Qu’est-ce que la Neurobiologie des Traumas ?
La neurobiologie des traumas englobe les modifications structurelles et fonctionnelles du cerveau résultant d’expériences traumatisantes. Ces changements sont particulièrement marqués chez les personnes ayant subi des agressions sexuelles. Ils affectent leur comportement, leur mémoire et leur réponse au stress.
David Lisak, spécialiste des traumatismes, a été parmi les premiers à traduire ces recherches pour les professionnels de la justice et des forces de l’ordre. Ses enseignements visaient à expliquer pourquoi de nombreuses victimes ne réagissent pas de manière traditionnelle (fuite ou combat) pendant une agression, et pourquoi leurs souvenirs sont souvent fragmentés ou incohérents.
Les Effets du Stress et du Trauma sur le Cerveau
Jim Hopper nous explique les effets du stress et des traumas en nous parlant de trois circuits cérébraux clés :
- Le circuit de défense, dominé par l’amygdale, qui réagit aux menaces.
- Le circuit exécutif, situé dans le cortex préfrontal, responsable de la pensée rationnelle et du contrôle des comportements.
- Le circuit de la mémoire épisodique, où l’hippocampe joue un rôle dans la création et la récupération des souvenirs.
Lorsque le stress ou une menace est détecté, ces circuits subissent des modifications. Le circuit de défense prend le dessus, altérant le fonctionnement du cortex préfrontal et de l’hippocampe, ce qui peut entraîner des comportements de survie instinctifs, une attention perturbée et une mémoire fragmentée.
Réactions Communes des Victimes d’Agression Sexuelle
Les effets du stress intense et du traumatisme se manifestent souvent par des réactions typiques chez les victimes d’agressions sexuelles, telles que :
- Le gel (freezing) : une paralysie temporaire face à la menace.
- L’altération du cortex préfrontal, empêchant des réponses rationnelles.
- Des habitudes de protection, comme l’évitement ou des réflexes automatiques.
- Des réflexes de survie extrêmes.
- Une altération de l’encodage et du stockage de la mémoire.
Ces réactions sont biologiques et automatiques, et non des signes de faiblesse ou d’acquiescement à l’agression.
Compréhension de ces réactions
Utilité des compréhensions
Depuis 2010, plusieurs initiatives ont tenté d’expliquer la neurobiologie du traumatisme aux professionnels de la justice et de la santé. En effet, une mauvaise interprétation de ces connaissances peut conduire à des pratiques d’enquête biaisées ou inefficaces.
Jim Hopper tente de corriger ces incompréhensions, en fournissant des informations fondées sur des preuves scientifiques solides. Ces connaissances sont essentielles pour :
- Comprendre pourquoi certaines victimes ne résistent pas physiquement.
- Saisir pourquoi leurs souvenirs peuvent sembler confus ou incohérents.
- Éviter les erreurs dans les enquêtes en prenant en compte les effets du stress sur la mémoire et le comportement.
Répondre à Quatre Questions Clés
La neurobiologie des traumatismes aide à répondre à plusieurs questions fréquentes que se posent les enquêteurs ou les proches des victimes :
- Pourquoi la victime n’a-t-elle pas résisté ou crié ?
- Pourquoi a-t-elle des trous de mémoire ?
- Pourquoi ne peut-elle pas se rappeler l’ordre des événements ?
- Pourquoi ses souvenirs semblent-ils incohérents ?
Ces réactions s’expliquent par le fonctionnement des circuits cérébraux sous l’effet du stress et du traumatisme. Elles ne doivent pas être interprétées comme des signes d’une fausse accusation ou d’une confusion de la victime.
Éviter les Hypothèses Erronées
Il est important de ne pas supposer que toute personne réagissant de manière incohérente ou ayant des souvenirs fragmentés n’a pas subi d’agression sexuelle. De même, les réactions communes liées au stress et au traumatisme ne constituent pas une preuve définitive d’une agression ou d’un traumatisme.
Le cerveau humain, façonné par l’évolution, réagit de manière similaire face à tout danger immédiat. Que ce soit un soldat en mission, un policier en intervention ou une victime d’agression, les réponses cérébrales au stress intense sont souvent les mêmes. Nous le verrons dans un prochain article.
Conclusion
En expliquant comment le cerveau réagit au stress et au traumatisme, Jim Hopper permet une meilleure compréhension des comportements et des souvenirs des victimes.
La neurobiologie des traumatismes est un domaine complexe mais compréhensible. Son application correcte peut faire toute la différence dans l’accompagnement des victimes et la recherche de la vérité.
Pour aller plus loin :
- « Le Corps n’oublie rien : Le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme » de Bessel van der Kolk
- « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau » de Oliver Sacks
- « Trauma and Recovery: The Aftermath of Violence—From Domestic Abuse to Political Terror » de Judith Herman
- « It Didn’t Start with You: How Inherited Family Trauma Shapes Who We Are and How to End the Cycle » de Mark Wolynn
4 réponses à “Comprendre la neurobiologie des traumas : Le travail de Jim Hopper”
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Merci Aurelie pour cet article qui me fait connaitre un auteur et rechercheur que je ne sonnaissais pas. Tu dois surement connaitre Peter Levine au niveau des recherches et des livres qu’il a ecrit sur les traumas
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Oui!! trop peu encore d’ailleurs
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C’est fou comment notre cerveau peut enfuir des choses de notre passé. Il faut parfois un évènement pour faire remonter des choses ou faire une thérapie pour vérifier son nous n’avons rien enfui !!
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notre cerveau enfoui mais notre corps sait 🙂
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