Yoga : Comment Réveiller Le Guerrier en soi

Et si le guerrier sommeillant en vous s’éveillait ?

Les postures emblématiques de Virabhadrasana 1 et 2 ne sont pas de simples exercices physiques. Elles incarnent l’esprit du héros ou du guerrier à la colère bienfaisante, inspiré par la mythologie indienne.

Comme nous l’avons vu dans les articles précédents sur le positionnement et la concentration, le yoga est une voie de révélation intérieure, bien que cela ne soit pas toujours forcément bien expliqué.

Nous allons le voir ici avec ces postures du guerrier.

Une colère divine, une force créatrice

Ces postures trouvent leurs racines dans la colère sacrée de Shiva, le dieu destructeur et transformateur. Sans destruction, il n’y a pas de renouveau, et sans renouveau, pas de création. Shiva, les yeux mi-clos, ouvre et ferme le cycle du monde. Il symbolise cette force qui libère de l’individuel pour nous conduire à l’unité.

En pratiquant Virabhadrasana, nous activons cette énergie héroïque. La puissance brute de notre ancrage monte à travers notre cœur pour se transformer en audace et détermination, prêtant à notre posture toute sa symbolique.

Le guerrier, une posture ancrée dans la Bhagavad Gita

L’essence de la Bhagavad Gita, ce poème philosophique millénaire, résonne dans Virabhadrasana. Elle nous rappelle l’histoire d’Arjuna, hésitant à se battre dans une bataille fratricide. Krishna, son guide, lui montre alors que sa mission de guerrier est d’agir avec courage et conviction, au service d’un dessein supérieur.

La posture du guerrier incarne cette tension : l’énergie qui monte du sol s’élève, traversant les jambes et le ventre pour atteindre le cœur. Contrôlée et canalisée, elle se déploie dans les bras et les mains, nos instruments d’action dans le monde.

La légende du guerrier Virabhadra et son symbolisme

Selon la mythologie, Virabhadra est né de la colère de Shiva après la mort tragique de sa compagne, Sati. En apprenant son décès, Shiva arracha une mèche de ses cheveux et la jeta au sol, donnant naissance à ce guerrier redoutable. Ce héros, accompagné de son armée, détruisit tout sur son passage.

Cette légende illustre la puissance du guerrier, à la fois destructrice et libératrice, que nous évoquons à travers ces postures.

Le guerrier n’est il pas aussi celui capable de se plonger dans sa dimension intérieure, de s’extirper de la vision du monde édictée par l’Etat.

=> Il entreprend de changer son monde intérieur

Alors que la plupart d’entre nous mettent leur guerrier au service de l’illusion, et se battent avec acharnement contre la vérité, Il va à la source de l’illusion et lutte pour reconquérir la capacité de penser par lui même. (cf: Arnaud Kancel, enseignant de Yoga Montpellier).

Ce combat contre l’illusion est symbolisé par le fait que le guerrier soit issu des « cheveux » de shiva (cheveux = esprit)

Il s’agit de voir au-delà des apparences.

Shiva, Arjuna, Virhabadra… sont des figures intègres et protectrices à qui sait voir au-delà de la forme.

La guerre ou le simple combat, dans les mythes représentent la confusion du mental, et la nécessité de clarifier la pensée.

Pratiquer Virabhadrasana : guide et conseils

Entrer dans la posture

1. Préparation : Commencez les doigts au sol, buste incliné.
2. Ancrage : En inspirant, redressez-vous en sentant l’énergie monter de la jambe avant. Transférez le poids entre les deux jambes, tout en maintenant le genou arrière aligné et sans tension.
3. Alignement : Le pied arrière bien ancré, sentez votre base se solidifier.
4. Élévation : Grâce à l’appui de vos jambes, ouvrez la poitrine et laissez l’énergie circuler jusqu’au cœur.

Regard, souffle et énergie

• Regard : Fixe et déterminé, il peut se poser sur la main avant (Virabhadrasana 2) ou vers le ciel (Virabhadrasana 1).

• Souffle : Allongez et égalisez votre respiration (par exemple, 5 secondes d’inspiration et d’expiration). Des pratiques comme le soufflet abdominal (Bhastrika) ou Ujjayi peuvent intensifier l’expérience.
• Mula Bandha : Contractez le périnée pour canaliser l’énergie ascendante, stimulant ainsi Udana Vayu, l’énergie qui élève.

Les bienfaits de la posture du guerrier

• Renforcement physique : Les hanches et les jambes deviennent plus puissantes, tandis que l’équilibre et la stabilité s’améliorent.
• Énergie et confiance : Ces postures dynamisent, développent la bravoure et favorisent une maîtrise apaisée de la colère.
• Ouverture du cœur : Une cage thoracique élargie permet une respiration profonde et libératrice.

À l’instar des séries de Ashtange Yoga, cette posture est à pratiquer en début de séance pour éveiller votre énergie et vous ancrer.

Contre-indications

• Évitez ces postures de manière très active en cas de troubles cardiaques ou d’hypertension.
• En cas de douleurs à la nuque, gardez la tête dans une position neutre.
• Les problèmes aux épaules nécessitent une adaptation des bras (parallèles ou légèrement écartés).

Ces postures, bien que puissantes, ne sont qu’une étape dans l’éveil de votre guerrier intérieur. À travers leur pratique, découvrez la force d’agir avec audace, alignement et sagesse.

Et vous, prêt(e) à laisser le guerrier en vous s’éveiller ?