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idées reçues

Voici le récit d’une histoire, une histoire vraie comme il peut en arriver plusieurs chaque jour. Un exemple de merveilleux dans la situation, dans la rencontre comme nous avions aussi pu l’évoquer avec Thibault. Cette rencontre nous amène au-delà des idées reçue. Un échange profond le temps d’un simple covoiturage…

Bonjour. Vous êtes prof ?

– Euh… prof de yoga pourquoi ?

– Ca se voit. Votre attitude je le savais…Ca m’intéresse tout ca mais je ne comprends pas tout, vous pouvez m’expliquer ? Quels résultats je peux avoir ?

– Le sujet est vaste mais je vais essayer de vous transmettre des choses

– Déjà dites moi combien de temps je dois pratiquer par jour par semaine…

– Tout dépend de ce que vous souhaitez, quels sont vos objectifs. Dans l’idéal une heure par jour voire deux fois une heure, ce serait bien mais tout le monde ne le peux pas. J’ai aussi vu des personnes progresser juste en pratiquant 1 heure par semaine. Et progresser pour quoi ? Vers où ? C’est cela qu’il faut déterminer à la base aussi. Vous pouvez voir le yoga comme une simple pratique de santé ou comme une « discipline » spirituelle. L’engagement ne sera pas le même, le choix de l’enseignant non plus.

– Et la méditation ? C’est bien la méditation ? c’est quoi le lien avec le yoga ?

– Oui c’est bien la méditation, ca aide à mieux se connaitre. De la pratique que j’en ai actuellement, je dirais que « c’est être ami avec soi ».  Le yoga peut amener la méditation. Une pratique corporelle se finit toujours par un moment d’immobilité qui peut être un moment de méditation ou un moment de sieste pour d’autres (rires). Et dans certains courant on dit que l’idée d’une pratique de yoga est de permettre de rester dans une assise  immobile avec un mental immobile.

Et je peux contrôler mes émotions si je fais de la méditation ?

– (Sourire…) Il ne faut pas tout confondre. Je préfère voir la méditation comme  « ce qui permet d’être présent à soi », de prendre un moment pour se faire ce cadeau. (Ce présent). Un moment pour être conscient de ses perceptions, de ses sensations et justement à l’écoute de ses émotions. Il ne s’agit pas de chasser les émotions ni même les pensées mais les voir, les écouter, et cela permet parfois de les faire disparaître.  Je n’aime pas le terme « contrôler » qui amène une idée de négation de soi. L’idée de force peut émerger dans un premier temps ainsi que celle de surpassement. La méditation c’est reconnaitre ce qui est là pour ne pas le nier et ensuite avancer. C’est peut être ça la résilience. Une résilience sans écoute de soi c’est s’adapter à ce qui ne nous convient pas.

Ah je vois je vois. C’est comme quand j’ai des devoirs à faire, j’attends j’attends  et puis le moment ou je dois les rendre, je sais plus comment m’y prendre et je suis débordé…

– Oui c’est ça ! bravo pour l’image.

– Je trouve que c’est difficile de ressentir car quand je suis triste, je préfère passer à autre chose, et me sentir plus joyeux …?

– Oui c’est sur, on préfère tous…parfois trop dur d’avoir mal…mais si cette émotion n’est pas suffisamment écoutée, elle peut nous rattraper.

– J’aimerais comprendre ce que vous appelez « écouter », je comprends pas du tout

– C’est voir ce qui se passe dans le corps. Ecouter les sensations. Sans se faire de scénarios autour. Notre histoire s’inscrit dans notre corps. Peu importe si c’est à cause de la dispute avec la voisine la semaine dernière ou la réprimande de l’instit en primaire.

– Ah c’est intéressant tout ça, j’ai plein de choses à découvrir. Quand j’ai commencé à étudier en France, j’ai commencé la méditation

– Vous avez fait de la méditation à l’université ?

– Non à côté. J’essaie de caler tout ça dans mon emploi du temps mais c’est pas facile car je me couche tôt, je me lève à 4h, je travaille pour les fruits de 5 à 8 h et puis j’étudie…Je fais des études d’informatique. J’ai l’impression parfois de ne rien faire pour moi

– Je comprends tout à fait ! Le voir c’est déjà le début du chemin

– C’est bien ici, il y a plein de choses. Chez moi, si vous dites que vous faites du yoga, on vous répond «  ah de la danse » …ça ne va pas plus loin

– Et vous venez d’où ?

– De Syrie

– Oh oui, un tout autre environnement. Je ne connais pas, je ne peux qu’imaginer…

Une pause dans la conversation, on écoute la musique

– En vrai, elle est trop bien la musique là, ça donne envie de bouger !

Highlight Tribe oui c’est  chouette !  Là de suite j’aimerais pouvoir faire comme eux et créer des sons qui font danser pleins de gens et les mettent en joie.

C’est possible, on peut tout faire aujourd’hui. Moi j’ai créé un jeu sur youtube et je gagne de l’argent avec ça. Je pense que c’est pas bon d’avoir des choses, même ça. Après on s’y attache et on s’identifie à ça. Je vais arrêter ça.  Je veux juste au moins  être un bon exemple pour  petit frère. Il a 12 ans,  parle pas bien français, il est motivé pour rien. C’est peut être parce qu’il a connu la guerre, que mon père devait gérer les urgences et nous faire traverser Liban Grèce …

– J’imagine facilement que c’est un moment difficile pour un enfant. Vous avez apparemment bien rebondit. Ici nous avons d’autres combats qui semblent parfois puérils à côté…Nous sommes loin de pouvoir imaginer ce que vous avez vécu.

– Oui nous sommes heureux ici et je suis content de voir ma famille pour les fêtes.

– Je suis ravie de vous avoir rencontré aujourd’hui. Je dois vous laisser…bonne continuation…

– Merci, je vous souhaite aussi une excellente journée et un excellente année

Morale de l’histoire

L’enseignant n’est pas toujours celui qui se présente comme tel. Chacun peut être celui de quelqu’un d’autre, à tout moment.

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