Dans le précédent article, nous avons abordé ce qui se passe dans le cerveau sous stress face face une situation traumatisante.
Nous allons plus loin ici avec les travaux de Jim Hopper dans la compréhension des comportements des victimes.
Le néocortex : Un sommet de l’évolution et du développement
Le néocortex est une structure clé dans le cerveau humain.
Il est responsable des fonctions supérieures comme la pensée consciente, la prise de décision et la créativité.
Apparu tardivement au cours de l’évolution, il est particulièrement développé chez les mammifères les plus intelligents, dont l’humain.
Parmi ses zones les plus récentes et sophistiquées se trouve le cortex préfrontal, qui ne se développe pleinement qu’à l‘âge adulte, généralement au milieu de la vingtaine.
Le cortex préfrontal et ses fonctions
Situé derrière le front et au-dessus des yeux, le cortex préfrontal est essentiel à la gestion de l’attention « descendante ». Cette forme d’attention, contrôlée consciemment, repose sur des pensées rationnelles et des objectifs.
Cependant, en situation de danger ou de stress intense, l’ attention ascendante remplace l’attention descendante. Dans ce cas, les circuits de défense du cerveau prennent le relais, entraînant une réponse automatique aux menaces perçues.
L’attention ascendante : Une réponse automatique
L’attention ascendante est une réponse involontaire. Elle s’active via les circuits de défense qui déterminent ce qui est vital pour la survie à chaque instant.
Ainsi, lors d’une agression, ce système focalise l’attention sur des éléments clés :
- le regard de l’agresseur,
- une sensation désagréable
- ou une menace immédiate.
Ce qui capte l’attention devient alors ce que la personne remarque, ce à quoi elle réagit et ce qui est potentiellement encodé dans sa mémoire à long terme.
Mémoire traumatique, dissociation et attention
Les expériences traumatisantes, comme les agressions sexuelles ou les événements de guerre, sont souvent stockées dans la mémoire, selon ce qui a retenu l’attention à ce moment-là.
Par conséquent, les éléments traumatisants encodés peuvent influencer le comportement futur de la personne. La manière dont elle se souvient des événements est donc aussi influencée. Comprendre cette dynamique est essentiel pour appréhender l’impact des agressions sexuelles sur la mémoire et les réponses comportementales des victimes.
Dissociation et mécanismes d’évasion
Face à des expériences particulièrement traumatisantes, l’attention ascendante se déploie. Elle se focalise sur des éléments neutres ou même dissociatifs, permettant à la personne d’échapper mentalement à l’horreur de la situation.
La dissociation est une réponse cérébrale qui déconnecte la conscience des sensations et émotions désagréables.
Par exemple, de nombreuses victimes rapportent que, pendant une agression, leur attention s’est portée sur des détails insignifiants comme une image au mur ou un bruit de fond.
La dissociation et la mémoire
La dissociation a un impact direct sur la mémoire et le comportement. Elle peut empêcher la personne de remarquer ou de se souvenir de certains détails de l’agression, même si ces éléments sont critiques.
Ce phénomène explique pourquoi certaines victimes de viol ne se souviennent pas de détails précis. Des éléments comme l’utilisation d’un préservatif ou une éjaculation peuvent être oubliés.
Ce phénomène remarqué aussi chez un soldat ne réalisant pas qu’il a été blessé au milieu d’un combat.
Les trois types de sidération face à une agression
Lorsqu’une agression sexuelle survient, trois types de réactions de sidération peuvent se produire. Ces réactions sont une tentative instinctive du cerveau de faire face à la situation et peuvent empêcher la victime de réagir immédiatement.
Sidération de détection :
Cette réaction survient immédiatement après la détection d’une attaque par les circuits de défense. Le corps et le cerveau se figent, empêchant tout mouvement, pensée ou parole. Ce mécanisme évolutif permet de minimiser le risque de visibilité par un prédateur.
Sidération par choc
C’est une intensification de la sidération de détection. La personne choquée est incapable de formuler une réponse.
C’est la réaction typique d’un « lapin dans les phares », où le cerveau ne parvient pas à générer d’option de réponse.
Congélation des choix du cerveau sous stress
Cette phase limite les options de réponse à des réactions très passives ou réactives, et la personne reste figée. Les décisions prises à ce stade sont simples, souvent inefficaces, et ne permettent pas de faire face à la situation de manière adéquate.
Cerveau sous stress : Comprendre les réactions de blocage
Ces réactions de blocage expliquent pourquoi certaines victimes d’agression ne parviennent pas à résister ou à fuir au moment de l’attaque.
Elles soulignent l’importance de comprendre les réponses automatiques du cerveau face à une menace, en particulier dans des situations où l’individu n’a pas le contrôle total de ses actions ou de sa mémoire.
Conclusion
L’attention ascendante et la dissociation sont des réponses automatiques du cerveau lors de situations de danger extrême, comme les agressions sexuelles. Ces mécanismes de défense peuvent influencer la manière dont la victime réagit sur le moment, mais aussi comment elle se souvient de l’événement par la suite.
Pour aller plus loin : Livres sur la sidération et le trauma
Le Corps n’oublie rien : Le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme– Bessel van der Kolk
→ Un classique qui explique comment les traumatismes s’ancrent dans le corps et le cerveau, notamment la réaction de figement face au danger.
Réveiller le tigre : Guérir le traumatisme – Peter Levine
→ Développe la théorie du trauma somatique et comment notre système nerveux gère les agressions ou les événements traumatisants.
18 réponses à “Le Cerveau sous stress : Attention Ascendante, Sidération et Mécanismes de Survie”
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Article qui m’a bien éclairé sur certaines situations de ma vie. Hyper intéressant !
Merci pour ces infos synthétiques et bien structurées.-
Avec Plaisir Vincent, et contente que ça ait pu t’éclairer
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Le cerveau me fascine. Et, le stress est à lui seul, très intéressant. Je ne connaissais pas les 3 types de sidération, merci pour toutes les informations 🙂.
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C’est effectivement un sujet fascinant. merci David
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Article très intéressant sur le fonctionnement du cerveau en cas de traumatisme 🙂
Tu expliques de façon simple et claire les différentes réponse du cerveau dans ce genre de situation.
D’ailleurs je trouve que l’aspect psychologique est beaucoup plus pris en compte de nos jours, comme la possibilité d’avoir un suivi en cas d’accident grave de la route, où la victime pourrait avoir une phobie de la voiture ou de la conduite.-
Merci Jérémy
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Je me suis beaucoup reconnue dans cet article. Le stress peut littéralement bloquer nos réponses, avec des mécanismes de survie inconscients. Cela m’a aidée à mieux comprendre certaines de mes propres réactions face au stress.
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Merci Jessica pour ce retour
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Super intéressant !
C’est effectivement un mécanisme de survie pour le cerveau que d’omettre des passages traumatiques.
J’ai plusieurs passages de mon enfance qui ont été tout simplement effacés. Je n’ai pourtant pas subi d’agressions physiques, mais le comportement général de mon père (pervers narcissique) m’a grandement affectée.
Merci pour ton article !-
la violence morale, le chantage affectif peuvent être tout aussi violents que des violences physiques dans le sens où elles peuvent comme tu le dis marquer sur le long terme nos comportements.
merci pour ton retour
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J’ai beaucoup apprécié la manière dont tu expliques les mécanismes complexes du cerveau en situation de stress. La distinction entre attention ascendante et descendante m’a particulièrement marqué, car elle permet de mieux comprendre les réactions instinctives face à une agression. Merci pour cette clarté et cette profondeur dans l’explication.
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Merci à toi 🙂
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J’aime bien la façon dont tu expliques des concepts complexes comme l’attention ascendante et la sidération. On peut mieux comprendre comment notre cerveau réagit face à des situations de survie. C’est fascinant et enrichissant à la fois !
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Merci beaucoup Jackie
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Merci pour cet article si clair et instructif sur le rôle du néocortex et les réactions du cerveau face aux traumatismes.
La manière dont les mécanismes d’attention et de dissociation sont expliqués permet de mieux comprendre les réponses automatiques de notre cerveau.
Bravo pour cette analyse détaillée et précieuse!-
merci beaucoup Stéphanie
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Très intéressant ! Cela nous rappelle que l’humain est bien fait, même si nous n’avons pas toujours le savoir pour décrypter ce qui se joue quand on vit certaines situations, ou que l’on répète des comportements de façon un peu automatique.
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eh oui parfois nous agissons d’une maniere qui peut ne pas etre conforme à nos souhaits mais tout s’explique
Merci Amélie
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