Transcendance : de la dualité à l’Unité, une lecture gnostique du réel

Dans un monde où l’on peine parfois à saisir la cohérence du chaos apparent, certaines clés de lecture peuvent nous réconcilier avec le sens profond de l’existence. notamment cette notion de transcendance

Alexandre Rougé, auteur entre autres de « Les Cathares, 700 ans plus tard, et « Apocalypse et Transmutation de l’Occident. » nous livre une une vision de la création et de la transcendance.

=> pour visionner l’échange, c’est ici :

Au cœur de cette réflexion :

• la polarité comme principe fondateur du monde manifesté,
• la distinction entre essence et existence
• l’importance de l’axe vertical dans notre vie intérieure.

L’unité se manifeste par la polarité

Alexandre Rougé rappelle une idée centrale de la gnose : rien ne peut exister sans polarité. L’unité, ou le 1 avec un grand « U », ne peut se manifester qu’en se divisant. L’essence, en tant qu’unité pure, ne peut exister telle quelle. Pour devenir existence, elle doit se scinder, engendrer une dualité.

Cette scission n’est pas une chute ou une erreur, mais une nécessité ontologique. Le 1 engendre le 2, et dès qu’il y a deux pôles, il y a nécessairement une relation entre eux, ce qui crée un troisième terme. Nous entrons alors dans la trinité. Et cette trinité, par son mouvement, permet le retour à l’unité — mais une unité vécue, expérimentée, incarnée.

Il ne s’agit pas ici d’une dialectique linéaire, frontale, comme celle de la philosophie moderne (sujet vs objet), mais d’une dialectique initiatique : circulaire, vivante, dynamique. Cette spirale ascendante ou descendante suit un axe vertical — celui de la transcendance.

L’axe vertical : clef de la gnose

Cet axe vertical, essentiel, est celui de la transformation intérieure. Par la rotation et la prise de conscience progressive des opposés, l’initié gravit les échelons de l’être. Chaque changement de regard, chaque nouvelle compréhension, fait évoluer la relation au monde, à l’autre, et à soi-même.

À travers cette verticalité, l’esprit descend en nous. Il ne s’agit pas seulement d’élever son âme vers le haut, mais aussi de faire descendre l’esprit dans la matière, de spiritualiser le corps, d’unifier le haut et le bas. C’est là le sens profond de l’incarnation : matérialiser l’esprit et spiritualiser la matière.

Transcendance et immanence : deux axes, une même réalité

La transcendance, nous dit Alexandre, suit l’axe vertical. Elle conduit à une intensification de l’être, une montée en puissance, en intelligence, en conscience. L’immanence, elle, suit l’axe horizontal. Elle concerne la présence du sacré dans la matière, dans le monde visible.

Et c’est là une prise de conscience majeure : tout est sacré. Cette distinction, imposée depuis des siècles entre sacré et profane, est un leurre, un poison spirituel. En vérité, rien n’est profane. Même nos déchets, nos excréments, nos zones d’ombre, participent au grand mouvement de la vie. La terre adore la merde, dit-il avec humour. C’est grâce au fumier que poussent les roses.

Ce qui souille, selon une parole du Christ, ce n’est pas ce qui entre en nous, mais ce qui sort de notre bouche, c’est-à-dire nos paroles, notre intention, notre vibration. Lorsque notre expression vient d’un lieu purifié, conscient, aligné, rien n’est souillé. Tout devient sacré.

Le minéral, premier lien avec le divin

Les enseignements de Luc Bigé permettent aussi de nombreuses compréhensions. Le minéral est directement relié à l’esprit. Bien que sa conscience semble rudimentaire, il incarne une stabilité, une pureté, une présence qui le relie à l’origine.

Chaque royaume — minéral, végétal, animal, humain — est lié à un niveau de conscience et à un aspect du corps subtil :

• le minéral à l’esprit,
• le végétal au corps éthérique,
• l’animal à l’émotionnel,
• l’humain au monde du sens.

La réalité est donc fractalement organisée. Chaque niveau d’être reflète le Tout. Nous portons en nous les quatre règnes, et en les conscientisant, nous pouvons unifier notre être et reconnaître le divin en toute chose.

Transcendance par le haut et par le bas

Une idée forte exprimée dans cet échange est que la transcendance n’est pas réservée aux hauteurs célestes. Il y a aussi une transcendance par le bas. Par exemple, la libido, énergie instinctive et corporelle, peut court-circuiter le mental et l’ego, et révéler une forme de puissance brute, organique, sacrée.

La transcendance par le haut mène à l’unité, à la fusion avec le tout, à la reconnaissance de notre nature divine. Celle par le bas peut mener à la dissolution des formes, à la perte d’identité illusoire, à une alchimie profonde. Dans les deux cas, il s’agit de passer de la forme à l’essence, de revenir à la source.

L’alchimie spirituelle : coagula et solve

Le processus alchimique — solve et coagula — illustre ce mouvement. Dissoudre pour purifier, puis réunifier sur une base plus élevée.

Il s’agit de dissoudre des croyances, des illusions, l’ego, puis d’assister à la coagulation d’un être unifié, conscient, libre.

Ce travail ne se fait pas hors du monde, mais dans la matière, dans la relation, dans l’expérience. C’est une respiration verticale qui ne s’arrête jamais, qui s’approfondit à chaque cycle, à chaque retour.

Une vision holistique et radicale

Cette vision du monde repose sur une compréhension holistique de l’être. L’univers n’est pas un simple mécanisme, mais une réalité vivante, consciente, initiatique. Chaque pierre, chaque plante, chaque émotion, chaque polarité est une porte vers le divin.

Refuser la polarité, c’est se couper de la vie. C’est dans l’acceptation de l’ombre, dans la reconnaissance du fumier comme support de la rose, que l’on peut entrer dans une vraie spiritualité — une spiritualité incarnée, radicale, joyeuse.

Conclusion

Nous vous invitons à sortir d’une vision morcelée et dualiste du monde pour entrer dans une lecture initiatique de la vie. Polarité, rotation, spirale, verticalité : tout concourt à faire de l’existence un chemin de connaissance, d’unification et d’amour.

Il ne s’agit pas d’idéaliser une perfection hors du monde, mais de reconnaître le sacré dans l’imparfait, dans le quotidien, dans la matière même. En réhabilitant la polarité, en renouant avec l’unité par la trinité, nous pouvons redevenir ce que nous sommes déjà : des êtres divins en incarnation, en chemin vers l’union intérieure.

Voilà une Réflexion qui apporte des réponses à nos questionnements sur la notion d’éveil, abordée avec divers « chercheurs ».

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Pour aller plus loin sur ces sujets je vous conseille de lire Apocalypse et transmutation de l’Occident.