La présence. On croit parfois que cela va de soi. Et pourtant, dans la pratique, cette simple invitation peut produire un effet étrange, comme une dissociation.
Comme si ce que je suis là, maintenant, ne pouvait totalement inclure ce que je serai et qui j’étais.
Le présent semble exclure le futur et vouloir absolument « être ici et maintenant » peut alors devenir une pression, une exigence de perfection, là où il ne devrait y avoir qu’un jeu, le jeu de la conscience, de la création.
Si l’on veut réconcilier les espace-temps, peut-être suffit-il de parler au présent de ce que l’on souhaite, de vivre en soi, dès maintenant, les graines de ce que l’on désire voir éclore.
Il ne s’agit plus de viser la justesse parfaite, mais d’incarner avec légèreté une présence vivante et mouvante.
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Quand l’instinct fait peur
Etre présent, c’est oser entendre ce qui nous traverse…
Or, parmi ces voix, il y a celle de l’instinct. Celle de l’animal en nous. Il est mal vu parfois de s’y fier. Nous ne sommes pas des animaux n’est ce pas ?
C’est comme si suivre ses tripes risquait de nous tirer vers le bas, vers la « basse fréquence ». Alors, on coupe. On réprime. On se persuade que la sagesse est ailleurs, dans le contrôle, le silence, la transcendance. Alors que finalement nous aimerions tellement « oser », faire pareil !
L’animal n’est pas notre ennemi. Il est même, souvent, plus fin que le mental. Il sent ce que nous nous refusons à voir par bienséance, il sait ce qui est profondément juste !
Il peut guider, à condition qu’on cesse de le confondre avec la brutalité ou la domination. Dominer, ce n’est pas forcément écraser : cela peut être encadrer, protéger, inspirer.
Danser l’animal, se laisser porter par lui, c’est déjà revenir au corps, et donc à la présence.
C’est se découvrir capable d’amour par les entrailles.
C’est aussi reconnaître ses limites, son territoire, son Non.
Quand le regard des autres empêche d’exister
Si le présent nous échappe, c’est aussi parce que nous nous observons en train de vivre.
Une part de nous regarde, juge, compare. Elle a intégré un regard collectif, fait de morale et de peur. Une vieille croyance s’y cache : que le bien et le mal existent de façon absolue, et qu’il faut se méfier de soi pour être quelqu’un de « bon ».
Que ferions-nous si nous n’avions pas peur du jugement ? Et si, au lieu de fuir les paroles qui dérangent, nous les laissions révéler nos zones sensibles ?
Il ne s’agit pas de se forcer à agir ou à transgresser, mais juste… d’observer ce qui se passe en nous. De cesser de chercher à se conformer pour enfin oser être.
L’enfant et la présence : un choix de conscience, pas de conformité
Le sujet de l’enfantement est un sujet de présence. Je choisis d’en parler car je suis presque en accord avec ce qu’un de mes enseignants disait : »dans la vie, vous avez deux choses a faire: des enfants et méditer ».
C’est en effet avec ces deux éléments que nous sommes proches de nous, naturellement. L’enfant, d’autant plus quand il a moins de 7 ans, nous place de facto avec à ce qui EST là. Et ce qui est là, change tout le temps. C’est la permanence de l’impermanence qui est à accueillir pleinement.
Être pleinement présent à la décision d’avoir un enfant (ou de ne pas en avoir) demande du courage.
C’est un subtil mélange entre un désir volontaire conscient et un lâcher prise total. En effet la vraie question n’est pas : Est ce que je veux un enfant ? Mais plutôt : suis-je prêt·e à ne plus être seul·e ? Suis-je prêt·e à être imparfait·e sans m’en vouloir ?
Avoir un enfant, ce n’est pas jouer un rôle parfait. C’est créer une relation vivante, avec ses limites, ses frictions et ses éclats de rire.
Et dans cette rencontre, ce ne sont pas des modèles idéaux qu’on attend, mais des humains prêts à faire de la place, à danser avec la vie, à relâcher le contrôle.
Autonomie, familles et lignées
Dans cette danse, un autre pas est essentiel : celui de l’autonomie.
En effet, dans bien des cas, nos décisions sont encore dictées par des fidélités invisibles. Inconsciemment, on veut ressembler à notre clan, être digne de nos aïeux.
On pense qu’il faut porter certaines valeurs, certaines douleurs aussi, pour être reconnu·e. Et au lieu d’incarner notre unicité, on rejoue des scénarios figés.
Assumer sa différence devient alors une forme de loyauté nouvelle : non plus celle qui reproduit, mais celle qui enrichit. C’est à nous de choisir ce que nous gardons de notre lignée, et ce que nous emportons dans notre propre histoire.
Être parent… après l’enfance
Il est aussi essentiel de comprendre que les relations évoluent.
Être parent d’un petit enfant et être parent d’un adulte, ce n’est pas la même chose. Mettre la pression, même douce, sur l’autre pour rester « proche » ou pour « rattraper le temps » peut mener à des non-dits, à des sentiments de devoir, à de la culpabilité réciproque. L’amour devient alors un champ de bataille silencieux.
La solution ? Ne pas forcer l’intimité mais créer des espaces partagés, utiles aux deux. Quitter le rôle de confident ou de parent qui veut être tout, et devenir simplement un humain à côté d’un autre humain. Créer ensemble un langage, un projet, un moment. Lâcher le passé, vivre le présent.
Les blessures : de la protection à la transformation
Si le passé résiste, c’est aussi parce que nos blessures en sont les gardiennes. Elles nous protègent. Elles façonnent nos réactions, nos peurs, nos élans.
=> Pour aller plus loin sur le sujet, je vous conseille d’ailleurs l’ouvrage d‘Alexandro Jodorowski sur la métagénéalogie.
Mais elles ne sont pas des prisons. On peut faire la paix avec elles non pas en les oubliant, mais en cultivant la vertu opposée:
- Voir la peur par exemple permet de voir aussi tout se courage en nous , en germe ou en puissance
- Le rejet nous montre toute cette capacité d accueil.
- La trahison nous montre la fidélité que nous avons a nous offrir.
- …
« Blessure rime avec armure » – mais une armure peut être déposée. Elle peut devenir un souvenir, un passage, un tremplin.
Et toi? Quelle blessure as tu dépassé avec tes qualités propres? J’aimerais beaucoup recevoir des témoignages à ce sujet afin de voir que nous avons en nous beaucoup de ressources.
Et quand ces ressources semblent inaccessibles, l’accompagnement peut être nécessaire. Je vous le propose en stage ou en séance individuelle.
Si cet article vous a plu, vous aimerez aussi celui ci : » Et si changer le passé était possible ».
En guise de présence
Il ne s’agit donc pas de devenir parfait·e, d’être toujours ici et maintenant, d’avoir tout résolu.
Il s’agit d’oser un regard plus doux, plus libre sur notre propre vie. De réconcilier l’animal et le céleste, le passé et le futur, la douleur et la joie. D’avancer, peut-être maladroitement, mais sincèrement.
Et là, dans cet espace vivant où tout peut coexister, peut naître une présence véritable.
4 réponses à “La présence comme Clé ? : entre l’Animal, le Parent, l’Être”
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La réflexion que tu mènes dans cet article résonne profondément pour moi avec le travail artistique (puisque je fais de la chanson) : être pleinement présent, c’est s’ouvrir à ce qui vibre en nous et autour de nous. Et c’est vrai dans la création musicale comme dans la vie : pour moi cette qualité d’écoute et de présence permet un dialogue plus vrai, plus intense. Et cela avec soi-même et avec les autres. Un texte à méditer !
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Ton commentaire est en lui même un joli présent 🙂
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Je suis d’accord avec toi, et on ne le répète jamais assez : pour être avec ceux qu’on aime, la présence fait toute la différence. Cet article nous rappelle à quel point c’est important de se rendre disponible, sans distraction, pour vivre pleinement ce qu’on partage. Et pour nous qui enseignons le ukulele, c’est une belle inspiration pour la musique comme pour la vie en famille !
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Oh je suis bien d’accord, la musique est une magnifique marque de présence
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