J’ai un message pour toi

J’ai un message pour toi : canalisation, intuition ou manipulation spirituelle ?

Il n’est pas rare d’entendre des phrases comme chez des personnes qui se disent « mediums » : « On me dit de te dire que… » ou encore « Mes guides m’ont transmis ceci pour toi… »

Sous couvert de bienveillance, ces formules posent question.

Parlent-elles vraiment d’une intuition profonde ? S’agit-il d’une réelle guidance spirituelle, ou y a-t-il parfois une forme plus subtile de pouvoir ou de manipulation ?

Voici un regard critique, mais nuancé, sur ce phénomène.

Pour le voir en vidéo, c’est ici :

Une forme moderne de prophétisme ?

Dire « On me dit de te dire… » revient à se positionner comme un canal entre un monde supérieur (guides, entités, énergies…) et une autre personne.

C’est une forme de prophétisme contemporain : on se présente comme le messager d’une parole qui ne vient pas de soi.

Cela peut impressionner, car la parole est présentée comme :

• objective (puisqu’elle ne viendrait pas de la personne elle-même),
• supérieure (puisqu’elle se réclame d’une autorité spirituelle),
• indiscutable (puisque contester reviendrait à s’opposer aux « guides » ou même, à l’univers !!

Mais derrière cette apparente neutralité, une question fondamentale se pose : qui parle réellement ?

• Est-ce un guide spirituel ?
• Est-ce la projection de l’inconscient ?
• une entité du bas astral ?
• une opinion personnelle habillée de mystique ????

Les intentions possibles derrière cette posture

Il serait trop simple de mettre tout dans le même sac. Derrière ce type de discours, les motivations sont multiples.

1. La sincérité naïve

Certaines personnes vivent des impressions, des intuitions fortes. Ne sachant pas les nommer autrement ou structurer leurs ressentis comme on le dit souvent aussi dans certaines formations, elles les attribuent à des « guides » ou à une voix supérieure.

Dans ce cas, il ne s’agit pas de manipulation ( consciente du moins) , mais d’une tentative maladroite de donner sens à leur vécu.

2. Le besoin de reconnaissance

Dire « On me dit de te dire… » peut aussi servir à se donner de l’importance. Si « l’univers » passe par moi pour te parler, c’est que je suis un canal spécial, donc que ma présence a du poids.

C’est humain : derrière de nombreux comportements spirituels, il y a un besoin profond de reconnaissance. Mais cela peut entraîner un glissement dangereux vers l’ego spirituel.

3. La manipulation consciente ou inconsciente

Dans certains cas, l’intention est plus claire : il s’agit d’imposer une vision ou une directive à autrui.

Exemple : « On me dit de te dire que tu dois travailler avec moi. » ou « Mes guides disent que ton couple ne te convient pas. » ou  » tu dois aller là, faire si »

Ici, la formule devient un outil de pouvoir, parfois même à terme, un levier de dépendance.

Les pièges psychologiques

Recevoir ce genre de message n’est jamais neutre.

Cela peut provoquer :

• Une séduction spirituelle : on se sent « choisi », « guidé », « vu » par des forces supérieures. Cela flatte l’ego et crée une dépendance subtile.
• Une perte de discernement : si le message vient « d’en haut », pourquoi le contester ? On baisse la garde.
• Une confusion intérieure : on ne sait plus ce qui vient de nous et ce qui vient de l’autre. Notre propre intuition est brouillée.

En réalité, le danger n’est pas la canalisation en soi, mais l’absence d’esprit critique.

Et c’est au « canal » de faire se discernement, il est responsable de sa parole comme chacun:

• est ce important?
• dois je le dire?
• Qu’est ce que j’en pense?

Comment discerner ?

La clé, ce n’est pas de rejeter en bloc, mais d’apprendre à discerner.

Voici quelques repères :

1. La liberté : un vrai message spirituel n’impose rien. Il éclaire, il ouvre, mais il ne contraint pas. Pour ne pas se faire imposer des paroles, des pensées, des actes, il est d’ailleurs essentiel de développer acceptation de soi pour sauvegarder sa propre liberté.

2. La résonance intérieure : si le message sonne juste, il réveille une vérité déjà présente en nous. Si au contraire il génère peur ou dépendance, prudence.

3. L’humilité du messager : quelqu’un de centré dira : « J’ai une intuition, vois si ça te parle ». Pas : « On m’a dit, tu dois/devrais ».

4. Le contexte : est-ce un partage désintéressé, ou bien cela sert-il les intérêts de celui qui parle (argent, influence, pouvoir, admiration) ?

Les enjeux spirituels profonds

Derrière cette question, il y a un enjeu plus vaste : notre rapport à l’autorité spirituelle.

Depuis toujours, l’humanité oscille entre deux pôles : chercher une parole qui vienne d’ailleurs, d’un prophète, d’un médium, d’un guide et découvrir la voix intérieure, qui ne dépend d’aucun intermédiaire.

Les traditions les plus sages rappellent que le véritable maître est celui qui nous ramène à nous-mêmes.

Comme le disait déjà Maître Eckhart : « L’œil avec lequel je vois Dieu est le même œil avec lequel Dieu me voit. »!

Vers une posture plus saine ?

Alors, chères personnes supérieurement connectées à « on ne sait quoi », plutôt que de dire « On me dit de te dire… » , serait-il possible d’adopter une parole plus juste ?

• « J’ai ressenti cela en pensant à toi. »
• « Voici une intuition, prends ce qui résonne. »
• « Ce n’est qu’une perception, écoute si ça t’aide. »

Cette transparence change tout car elle respecte la liberté de l’autre, elle reconnaît que le message peut être subjectif, et elle renforce le lien de confiance.

Conclusion

Quand quelqu’un dit « On me dit de te dire… », il n’y a pas à juger brutalement. Mais il y a à écouter avec discernement.

Peut-être que la personne exprime maladroitement une intuition sincère. Peut-être qu’elle cherche à se donner de l’importance. Peut-être même qu’il y a une tentative d’influence.

La vraie question est toujours :

• Que fait ce message en moi ?
• Est-ce que cela m’éclaire ?
• Est-ce que cela me rend plus libre ?
• Est-ce que cela me ramène à ma propre lumière intérieure ?

Car au fond, la seule voix qui compte est celle qui vibre au plus profond de nous-mêmes.

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