L’échange se base sur le livre Apocalypse et transmutation de l’occident publié en 2018.

Sommaire
Les mythes : boussoles détournées
Dans son ouvrage, Alexandre nous dit « toute société a besoin de transcendance ».
Les mythes peuvent être des appuis à cette transcendance.
Selon Alexandre Rougé, les sociétés ne survivent pas sans mythes fondateurs ; lorsque ceux-ci semblent “disparus”, ils sont en réalité subvertis : détournés de leur fonction d’élévation vers des usages qui abaissent la conscience, justifient la domination ou l’aliénation.
Le mythe du héros
Hercule, Gilgamesh, Arthur…
Dans leur version originelle, ces récits décrivent un parcours initiatique :
- se dépasser,
- traverser l’adversité,
- intégrer ses ombres,
- accéder à une conscience plus vaste.
Détourné, ce mythe glisse—selon lui—vers des figures d’anti-héros qui exaltent la vengeance, la brutalité ou le cynisme, vidant l’initiation de son exigence intérieure.
Le mythe de l’androgyne
Autre grande figure : l’androgyne, non pas comme négation du corps, mais comme intégration des polarités (masculin/féminin) décrite par l’iconographie alchimique.
Pour Alexandre Rougé, le malentendu contemporain confond dépassement des polarités et altération du corps, alors que le symbole originel pointe une maîtrise intérieure : ne plus être gouverné par l’instinct, mais transmuter l’énergie vitale en créativité.
Réenchanter commence par soi
Comment, alors, réenchanter collectivement ? En s’enchantant soi-même, répond-il.
Non par narcissisme, mais en réapprenant à écouter ce qui allège, redresse, rend plus lucide. Il propose une boussole simple : interroger le corps après chaque “prise d’information” (lecture, vidéo, discussion) — est-ce que cela m’élève ou m’alourdit ?
Il convoque aussi la pyramide de Maslow : tant que les besoins de base ne sont pas stabilisés (sécurité, alimentation, appartenance, reconnaissance), la quête d’expression et de sens se fragilise.

Vouloir “sauver le monde” sans s’être d’abord pris en charge conduit souvent à rejouer des rôles (héros, sauveur, lanceur d’alerte) qui comblent un besoin d’ego plus qu’ils n’aident vraiment.
Crises contemporaines accélérateur de conscience
Depuis la parution d’Apocalypse (2018), Alexandre Rougé estime que les crises se sont accentuées, notamment avec le Covid-19. Il y voit un grand révélateur : pour beaucoup, le confinement a forcé l’introspection, provoqué des bilans personnels et un regard neuf sur les institutions.
Dans sa lecture, cette période agit comme un séparateur des eaux : celles et ceux qui assument leurs constats s’orientent vers d’autres choix de vie ; d’autres reviennent en arrière par peur de l’inconnu.
=> pour voir l’échange en vidéo : cliquer ICI
Liberté : propriété, détachement et responsabilité
Entre la liberté par la propriété (Locke) et la liberté par le détachement ( les Cathares ), comment se situer ?
Les deux étapes coexistent : il est cohérent d’être propriétaire d’outils qui rendent plus autonome… si cela conduit, en maturant, à s’en détacher.
Au fond, la clé n’est ni la possession ni la dépossession en soi, mais la responsabilité : “Qu’est-ce que je fais de ce que j’ai, et qu’est-ce que cela fait de moi ?”
L’IA, bon serviteur
Sur l’IA, sa position est nuancée : l’“intelligence” dont il s’agit est mécanique, analytique, utile aux tâches répétitives et techniques. Très bien si cela libère du temps pour l’art, la recherche, la relation, la contemplation, le soin — bref, pour ce qui relève de l’intelligence créative et du lien vivant. L’IA doit rester un outil, pas une fin.
La France, la connaissance et l’écologie comme mythe mobilisateur
Alexandre Rougé avance une thèse forte : la vocation de la France aujourd’hui ne serait plus la puissance (conquérir, s’imposer), mais la connaissance — au premier rang de laquelle, l’écologie au sens élevé : dignité de la nature, sobriété intelligente, guérison par et avec le vivant, éducation qui laisse s’exprimer l’enfant, relations hommes-femmes en véritable co-création.
Il y voit le seul mythe mobilisateur à la hauteur de l’époque : vivre en synergie avec la nature, non par peur ou contrainte, mais comme un chemin de transformation intérieure et collective. “Guerriers, oui — mais de l’intérieur”, résume-t-il.
Une histoire qui a du sens
Pour conclure, Alexandre Rougé invite à lire l’histoire non comme une ligne droite ou un éternel retour, mais comme une spirale : des cycles qui se répondent, des rendez-vous de conscience (il évoque les grandes émergences de sagesse autour du VIe siècle av. J.-C.), et la conviction qu’“il y a un sens à la marche du monde”.
Dans ce cadre, l’Apocalypse n’est pas fin du monde, mais dévoilement : séparation des illusions et du vrai, appel à une humanité intégrée, responsable et créative.
Résumé (en 6 grandes lignes )
- Les mythes élèvent — s’ils sont compris dans leur dimension initiatique, non instrumentalisés.
- Réenchanter commence par soi : ce qui t’allège, te redresse, te rend plus lucide est un bon indicateur.
- Stabiliser le vital (sécurité, appartenance, reconnaissance) permet une expression juste.
- Liberté = responsabilité : ce que tu possèdes n’est qu’un moyen ; la fin, c’est qui tu deviens.
- IA outil : mécaniser le mécanique pour libérer le créatif, le relationnel, le vivant.
- Mythe mobilisateur : une écologie créative, guérisseuse, intelligente, au service d’une société intégrée à la nature.
Si cet échange vous a plus, vous trouverez d’autres informations dans celui sur « de la dualité à l’unité »
Et pour vous procurez Apocalypse, c’est ICI.
4 réponses à “Apocalypse, mythes et réenchantement : entretien avec Alexandre Rougé”
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Merci pour cette interview avec Alexandre Rougé !
J’ai trouvé ses réflexions sur l’Apocalypse et le réenchantement vraiment inspirantes. J’aime la façon dont il montre que ce qui peut paraître comme une “fin du monde” n’est pas forcément catastrophique, mais peut devenir une opportunité de transformation intérieure et collective.
Ses idées sur les mythes et la manière dont ils influencent notre perception m’ont particulièrement parlé.
Bravo pour ce partage qui fait réfléchir et ouvre le cœur. 🙏-
Merci à toi pour cette lecture attentive.
Effectivement l’ouverture du coeur ne suffit pas. Réflexion, recul, et détachement son aussi nécessaire.
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Un article qui invite à repenser l’Apocalypse comme un seuil plutôt qu’une fin. Merci pour cette perspective rafraîchissante.
Il nous rappelle que les mythes ne sont pas dépassés mais attendent d’être re-visit és pour retrouver leur puissance de transformation.
Que cette conscience collective nous mène vers un réenchantement authentique de nos vies et de la planète.-
A nous aussi d’investir nos mythes
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